Le handisport permet-il le dépassement de soi ?
2021-01-31 | Par Orcam Staff
Depuis l’Antiquité, les humains font du sport. La diffusion, la médiatisation et la professionnalisation du sport ces dernières décennies n’ont fait qu’accroître sa place centrale dans la société. Même si de nombreux sports reposent sur l’utilisation de la vue, la déficience visuelle ne signifie pas forcément l’abandon du sport. Un handisport est un sport dont les règles ont été aménagées pour qu’il puisse être pratiqué par des personnes ayant un handicap physique ou sensoriel. Le handisport en France nait en 1954 avec l’Association des mutilés de France, qui deviendra la Fédération sportive des handicapés physiques de France, puis en 1977 la Fédération française handisport (FFH). La FFH compte plus de 35 000 licenciés, 60 000 pratiquants et 25 sports de loisir ou de compétition .
Qu’il s’agisse d’exercices de loisir ou de sport de compétition, il existe une gamme d’options pour les personnes aveugles ou malvoyantes. Certains sports ont été spécifiquement adaptés, d’autres nécessitent un accompagnateur, et certains peuvent même être pratiqués sans exigences particulières. Voici quelques informations intéressantes sur le monde du sport pour les personnes malvoyantes ou non-voyantes:
Jeux paralympiques
Les Jeux paralympiques sont un événement international majeur et multisports qui équivaut aux Jeux olympiques pour les athlètes souffrant de divers handicaps physiques. Il y a des Jeux paralympiques d’été et d’hiver qui rassemblent des milliers d’athlètes «para» les plus talentueux pour concourir sur la scène mondiale. La catégorie des déficiences visuelles va de la vision partielle (suffisante pour être jugée juridiquement aveugle) à la cécité totale. Les athlètes malvoyants participent à des sports tels que l’athlétisme, la natation, le ski, le football, le judo, le tir et plus encore. Pour les athlètes malvoyants, la médaille d’or aux Jeux paralympiques est le Saint Graal du sport.
Les Jeux Olympiques et Paralympiques en 2024 se dérouleront à Paris. C’est ainsi que le programme d’éducation Génération 2024 a vu le jour, avec pour objectif entre autres de faire découvrir, entre autres, les sports paralympiques, et promouvoir les valeurs du sport, de l’Olympisme et du Paralympisme.
Cécifoot
Le cécifoot, également connu sous le nom de football à 5, est un handisport. Il est devenu officiellement un sport paralympique en 2004, et se joue sur un terrain plus petit que le football ordinaire. L’aire de jeu mesure quarante mètres de long et trente mètres de large. Chaque équipe est composée de cinq joueurs, quatre joueurs extérieurs et un gardien de but. Tous les joueurs, à l’exception du gardien de but, doivent avoir les yeux couverts pendant le match. Dans certaines équipes, le gardien de but n’est pas malvoyant. La balle émet un bip en se déplaçant afin que les joueurs puissent la suivre. Les joueurs doivent garder le ballon en mouvement tout au long du jeu et ils ne sont pas autorisés à garder le ballon immobile à leurs pieds pendant plus de quatre secondes.
C’est l’occasion de souligner, qu’à l’occasion du lancement de la 2e saison du Bondy cécifoot club, dix déficients visuels licenciés au club de Seine-Saint-Denis en France, se sont vus remettre l’appareil OrCam MyEye destiné à améliorer leur quotidien et leur pratique sportive.
Goalball
Le goalball est un sport d’équipe spécialement créé pour les athlètes ayant une déficience visuelle. Le goalball a été inventé en 1946 par l’Autrichien Hanz Lorenzen et l’Allemand Sepp Reindle pour aider à la réhabilitation des vétérans aveuglés pendant la Seconde Guerre mondiale. Le goalball est joué exclusivement par des athlètes aveugles et malvoyants, et tous les joueurs doivent porter des lunettes opaques pour assurer une compétition loyale. Chaque équipe a 3 joueurs sur le terrain à la fois et le but du jeu est de lancer une balle au-delà de la défense adverse et dans leur filet.
Des exploits incroyables
Il y a toujours des competiteurs qui repoussent leurs limites à l’extrême pour réaliser des exploits jamais imaginés auparavant. C’est également le cas pour les sportifs aveugles ou malvoyants. En 2001, Erik Weihenmayer a surmonté les plus hauts sommets du monde, devenant le premier aveugle à gravir le mont Everest. Aux Jeux olympiques de Sydney en 2000, Marla Runyan est devenue la première athlète aveugle à participer aux Jeux olympiques, se classant 8e au 1500 mètres. Derek Rabelo est né légalement aveugle, mais a appris à surfer alors qu’il n’avait que 3 ans. Ces personnes remarquables soulignent que briser les barrières et réaliser ce qui semble impossible n’est pas seulement réservé aux voyants.
Terminer des triathlons en étant non-voyant
Une combinaison de natation, de cyclisme et de course sur de longues distances semble être une compétition qui exigerait une utilisation de la vue. Pourtant, cela n’a pas empêché de nombreuses personnes aveugles et malvoyantes de relever le défi. Pour participer à un tel événement, les personnes aveugles et malvoyantes sont reliées par une attache à un «guide pilote» pendant les étapes de course et de natation, et font du tandem pendant la partie à vélo. Steve Walker est un ancien officier de marine et l’un des nombreux triathlètes aveugles. Walker a perdu la vue suite à une rétinite pigmentaire, mais ce n’était pas une raison pour lui d’arrêter de faire ce qu’il aimait, et de rêver en grand. Walker est allé à Hawaï et a terminé un Ironman, reconnu comme l’un des événements sportifs les plus difficiles au monde. Walker est l’une des nombreuses personnes aveugles qui utilise le sport pour exprimer ses capacités, malgré le handicap.
Besoin d’amélioration
Malgré les opportunités accrues et l’évolution croissante des Jeux paralympiques, il y a encore trop d’enfants aveugles ou malvoyants laissés sur la touche. Une étude récente a révélé que sur les 52 000 enfants d’âge scolaire aveugles ou malvoyants aux États-Unis, près de 70% ne participent même pas à une éducation physique limitée. Bien que cela puisse sembler une question isolée, de nombreuses études ont confirmé les effets positifs de l’exercice sur les performances scolaires, le bien-être et la santé en général. Mais de nombreuses études ont également montré que les bénéfices pour ceux qui vivent avec des déficiences sont encore plus prononcés. Il est donc impératif que des mesures supplémentaires soient prises pour augmenter le pourcentage d’enfants aveugles et malvoyants impliqués dans des activités physiques afin que chacun puisse bénéficier des bienfaits du sport.
Pour les personnes aveugles et malvoyantes, le sport peut être une porte d’entrée vers l’inclusion sociale, l’amélioration de la santé et une confiance et une estime de soi accrues. La déficience visuelle ne doit pas empêcher les malvoyants de pratiquer des sports qu’ils aiment et de s’épanouir par leurs biais.